21 octobre 2004

Go to the Congo

Bon çà démarre bien, arrivé à l’aéroport je me trompe déjà de terminal après 25 minutes de queue puis une fois arrivé à l’enregistrement on m’explique que le poids maximum d’une valise doit être de 32 kg pour le bien être des porteurs(??? Faut que je les mouche peut être?) et qu’une partie de mes 50 kilos doit être transvasée dans une valise que je suis obligé d’acheter dans le seul magasin de l’aéroport à prix sympathique…60 pounds plus tard, je démarre les négociations sur mes 30 kilos d’excédent bagage pour en payer finalement 7…135 pounds au total elle commence pas bien la journée? Après un voyage fort sympathique ponctuée d’une escale à Bruxelles (faudra m’expliquer comment prendre au sérieux la sécu de l’aéroport qui parle comme Coluche) me voilà arrivé à Kinshasa. L’aéroport de N’Djili rend obsolète toute définition de ce mot : tout le monde court dans tous les sens (énorme) et les passe droits se font plus nombreux que la police des frontières elle-même, ensuite tout le monde court vers l’unique tapis bagage qui livre ceux des trois avions arrivés en même temps avec les gars qui sautent au dessus pour essayer de coordonner tout çà…heureusement que notre « protocole » comme on dit dans le jargon est venu me chercher et s’est occupé de tout, j’aurais bien galéré par moi-même… Première ballade en voiture de l’aéroport jusqu’à la maison ACF à l’autre bout de la ville, pas de meilleure entrée en matière possible, et la claque est immédiate. Je me sens tout petit avec ma petite expérience occidentale et moyen orientale, mais tellement heureux de faire mes premiers pas dans ce nouveau monde. Les ballades suivantes tout au long de la semaine me permettent de découvrir Kinshasa, la capitale de l’Afrique comme ils l’appellent ici ! Mes remarques peuvent paraître un peu candides surtout pour ceux qui connaissent l’Afrique mais je reste choqué de voir une ville dans un tel délabrement et une pauvreté aussi flagrante. Ce qui me paraît encore plus malsain est le contact visuel avec les personnes de la rue qui nous regardent dans nos gros 4/4 et nos grandes maisons avec gardiens. Ne soyons pas stupides non plus. Les considérations de sécurité étant primordiales, surtout au vu de l’instabilité actuelle de ce pays, notre mode de vie est tout sauf du luxe, mais je ne peux m’empêcher de ressentir un certain pincement à chaque fois. Je ne connais pas encore le Congo, mais je prends conscience du contexte et j’ai mal de voir un si beau et si riche pays dans un tel état après toutes ces années de pillage en règle d’abord par les belges, puis par Mobutu, et par toutes ces entreprises qui ne contribuent en rien ou presque au tissu économique du pays (on extraie et on sort du pays directement) : mes premiers pas donc…il me tarde de découvrir la province de l’équateur où je vais être basé mais en attendant le ciel et les nuages sont de toute beauté! Premier coup de cœur, les congolais. Fiers de leur pays et de leur appartenance, ils t’expliquent systématiquement que, malgré tous les problèmes que leur pays connaît, il s’en sortiront : un discours qui fait chaud au cœur croyez moi car que ce soit réaliste ou pas ils veulent y croire ! Si beaucoup considèrent les ONG comme de simples employeurs étrangers source de dollars (et peut on vraiment leur en vouloir) nombreux sont ceux qui travaillent par conviction là dedans avec le souci d’aider leurs compatriotes et leur pays. Cela va du simple chauffeur au chef de programme expérimenté et les entendre parler de la sorte rassure sur le travail si controversé des humanitaires. Les congolais sont aussi un peuple qui à défaut de disposer de moyens de divertissement (aucun ciné a Kinshasa) et qui souffre d’une vie culturelle très pauvre (faute de moyens uniquement) est axé sur la nourriture, la boisson, et la fête ce qui leur confère une jovialité et un humour qui m’a tout de suite touché. Attention aucune connotation négative dans ce que je viens d’écrire, les congolais ont en très grande partie poussé leurs études assez loin, et ce ne sont pas les compétences qui manquent dans ce pays, ni les intellectuels, mais il leur faut juste un peu de coaching pour enrayer toute la désagrégation et la corruption qui a mis leur pays à genou, et un gros coup de pouce financier : c’est dans cette optique que je réalise l’importance des ONGs ici, et je me sens tellement fier d’y participer…décidément le monde du corporate est à des années lumières ;-) Ma semaine a Kinshasa alors? Eh bien du grand moment J j’ai donc commencé à découvrir les spécialités congolaises, comme les bananes plantains (frites ou bien en boulettes) ou les Kossas (énormes gambas fluviales, un régal) et j’attends avec impatience de goûter les chenilles, la chèvre, et autres pondous décidément bien curieux…côté bières ici c la Primus (bouteilles de 75cl) ou bien la Skol en blonde et la Turbo King en brune (à laquelle on prête des vertus aphrodisiaques) là encore j’attends de goûter le Loto Ko (eau de vie) ou le vin de palme. Sinon côté sorties j’ai eu l’occasion d’aller dans un bar avec un sublime groupe de musique (africaine, jazz, blues) qui ne laisse présager que du bon de ce côté-là ;-) passé aussi dans un bar qui vend de la Guinness à 3$ (dollar américain) mais ce n’est pas de la pression…sniff…puis ai fait ma première soirée expats (humanitaires uniquement, on ne se compromet pas quand même) qui m’a confirmé à quel point ce monde me correspond : écouter les récits de chacun, m’a une fois de plus rappelé à quel point j’étais dans mon élément, par contre je dois reconnaître que le mythe de l’infirmière MSF n’est pour l’instant qu’un mythe…la réalité est plus douloureuse, on s’est compris. Je confirme par contre à quel point les congolaises sont de belles femmes : avoir discuté avec Miss élégance 2004 à fini d’achever mes doutes ;-) avis aux amateurs! Je ne suis pas là en vacances vous me direz et je terminerai justement par le boulot…je viens de passer 4 jours en formation/formalités/mises au point ici à Kinshasa afin de comprendre les tenants et les aboutissants de mon poste au Congo et là encore je prends conscience (la phrase du moment) de l’ampleur de la tâche. Tout d’abord, l’argent…rappelé à la dure réalité des budgets à durée malheureusement trop déterminée et de la quête difficile auprès des bailleurs de fonds (les donations publiques sont malheureusement trop limitées…si vous ne savez pas quoi faire de votre argent) nous travaillons ainsi avec une véritable épée de Damoclès sur la tête, qui si elle tombe nous forcerait à arrêter une partie, voire la totalité de notre travail ici alors que les besoins sont malheureusement bien réels…cela passe aussi par des restrictions en tout genre comme celle de poste expat là ou je vais être : à moins d’un gros revirement de situation, je vais vite me retrouver tout seul là bas, avec le staff local pour compagnons de travail. Beaucoup plus de boulot donc, mais une équipe super qui va le rendre possible heureusement…c dommage que les visites soient interdites là où je vais car je vais avoir de l’espace pour des visiteurs potentiels…aigre doux non ? Aussi, je donnerai des nouvelles les 15 prochains jours mais ensuite ce sera silence radio pendant quatre bonnes semaines car je vais partir sur la rivière pour effectuer des distributions dans tous les points où nous travaillons…dix jours d’affilée (entre autres) sur le fleuve Congo pour atteindre un de nos points çà va le faire mais côté Internet çà va pas le faire ;-) Je quitte donc Kinshasa demain aux aurores pour Mbandaka ma nouvelle ville d’adoption ou je passe mes trois prochains jours à faire une revue de matos et d’effectif, ensuite 15 jours pour organiser les distributions et si tout se passe bien distribs du 8 novembre au 6 décembre…wish me luck !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Hey! I'm going to print out your latest news, buecause my eyes have gone blurry! :-)
I think the gist is that you're loving it...
Thinking of you. Much love, Cat X

Anonyme a dit…

C'est passionnant de suivre tes aventures comme ça ! Franchement si ya moyen de te rendre visite un des ces 4, je serai partant.
On est tous fier de toi et de ce que tu fais, ici. Avec l'autre pute de droite on parle de temps en temps de tes aventures !
Sinon côté rugby ici, le Stade Français à bien commencé sa coupe d'Europe et ce soir ils visent une 2ème victoire comme le Stade Toulousain. Bientôt les tests d'automne avec les Walabies, les Blacks et les argentins. A propos tu te rappelles le dernier match qu'on avez vu au Stade de France tous les 2... Un certains France - NZ ! Mémorable ! Veux tu qu'on te fasse suivre le Midol ? ;)

@llez je te souhaite bon vent
Take care
Mano

Anonyme a dit…

Mon Mario, c'est dingue de voir à quel point nos quotidiens n'ont rien à voir (prévisible mais dingue!).
J'espère de tout coeur que notre amitié ne s'en ressentira pas... Je serai là pour te faire une remise à niveau de futilité à ton retour, après toutes ces responsabilités et ces prises de conscience (mais comment fais-tu pour dormir???) ça ne pourra pas te faire de mal !
En tout cas, chapeau bas l'artiste pour tout ce que tu fais, la leçon d'humanité que tu nous donnes...
Que 2005 te garde en pleine santé, plein de courage, d'énergie et d'optimisme !

Karine