09 août 2009

15 is the number

Salam a toutes et tous, eh oui 15 comme le jour de naissance du Mario et de sa famille proche, 15 comme un chiffre qui reviendra ci dessous, mais pour l’instant 15 comme le nombre de mois entre mon dernier vrai posting et celui ci….comme le veut la coutume commençons par rattraper le temps passé! La Somalie donc disais je le 26 Mai 2008, dans laquelle je venais de me lancer, une expérience qui aura dure… 15 mois; un contexte sur lequel j’aurais passe le plus de temps avec le Congo, mais de loin le contexte le plus crevant, le plus intense, le plus complique, et dont on ressort le moins indemne. 3 comme le nombre d’ONGS avec qui j aurai collabore. Save The Children pour 6 (3X2) mois, puis retour à Action Contre La Faim pour 6 mois (3X2 toujours), et pour finir Médecins Sans Frontières pour 3 mois. 3 comme le nombre de kidnappings de travailleurs humanitaires que j’aurais subi directement (gestion de la prise d’otages pour ACF) ou indirectement (conséquences du kidnapping des deux expatries de MSF, ainsi que celui de l’équipe ACF Kenya, des collègues de Trayle) 3X3= 9 travailleurs humanitaires toujours manquants a l’appel (7 expatries + 2 pilotes) 3 Millions aussi, de personnes dans le besoin dans ce pays qui a cesse d’en être un depuis longtemps, et pour lesquels notre présence ne devrait être tout sauf questionnée tant la perfusion humanitaire est nécessaire… La Somalie une somme de contradictions, de paradoxes, de questionnements permanents, ou le cote sombre côtoie en permanence les impératifs humanitaires ; un contexte qui aura contribue a radicaliser toutes les forces en présence (ONGs comme miliciens) ou sans cesse nous sommes pousses a la limite. La limite du tolérable de l’acceptable du concevable, la limite de nos mandats de nos volontés, de nos moyens aussi…bref vous aurez compris (ou pas) pourquoi on ne sort pas indemne de la Somalie d’aujourd’hui. Et pourtant, ces considérations mises a part, une expérience d’une richesse inouïe une sorte de culmination de ces années terrain. Un contexte historique d’abord d’une complexité rare (je vous renvoie a mes postings de 2006 sur la région Somali du Kenya ou Trayle et moi étions bases) un contexte actuel qui amene la confusion des genres a un niveau inégalé (je vous renvoie a mes postings de 2007 sur l’Afghanistan, et un contexte sécuritaire qui a fait de l’accès aux bénéficiaires une chose quasi impossible pour nous autres expatries, et qui par conséquent a mis nos équipes nationales sur la ligne de front (jeu de mots approprie) comme jamais ailleurs… La sécurité donc, ce domaine de l’humanitaire dans lequel j ai toujours été implique de par la culture opérationnelle des uns soucieux d’assurer celle de leurs équipes dans l exercice de leurs fonctions ; ou encore de par la volonté des autres de la développer, conscients du rôle grandissant de ce sujet dans notre monde post 11 septembre, ou nous ne pourrons jamais remercier suffisamment certains pour avoir retranscrit sur le terrain des concepts d’axe du mal et autres poncifs qui ont contribue au joyeux bordel militaro humanitaire, ainsi qu’a la radicalisation des genres dont je parlais ci dessus, et qui est devenue aujourd’hui un facteur malheureusement déterminant dans l’aide humanitaire que nous essayons de fournir aux populations victimes bien malgré elles de la « War On Terror » La sécurité un domaine ou les ONGs commencent a se donner les moyens pour contrer ladite confusion et pour s’adapter a l’évolution de notre métier devenu un des plus dangereux aujourd’hui (triste contradiction) une transition donc. D’abord pour vous parler de mon prochain poste qui me voit retrouver Save The Children dans le rôle de spécialiste régional en sécurité pour le sud et l’est de l’Afrique. Un début de spécialisation avec un rôle de conseiller technique, un rôle moins opérationnel et plus abstrait que le travail dit terrain que j’aurais fait jusque la, mais un challenge des plus intéressants et une possibilité d’améliorer les problématiques d’accès qui auront marque mes deux dernières missions en Afghanistan et Somalie, mais surtout et tout simplement d’améliorer nos conditions d’intervention dans un métier devenu de plus en plus risque, et de plus en plus noyé dans des considérations politiques, considérations dans lesquelles il ne devrait jamais se trouver… Ensuite pour prendre un peu de recul par rapport a tout cet investissement émotionnel des 5 dernières années, et se concentrer sur ma vie privée…ou en sommes nous donc? Suite a notre installation a Nairobi en bonne et due forme, et notre découverte de la vie d’expatrie dans son sens le plus stéréotype et épicurien du terme, Trayle et moi nous sommes bien marie et en deux fois ; une en costume et tenue de soirée a Nairobi puis une les pieds dans l’eau de l’océan indien : un mariage comme nous le voulions et ou nous le voulions. Auront manque a l’appel une bonne partie de nos familles et amis pour des raisons logistiques et financières que vous pouvez imaginer, mais comme nous l’avons dit a tout le monde ce ne sera que partie remise ;-) Le temps maintenant de passer a la vitesse supérieure, a 3 donc et pour cela le besoin de vibrer différemment par rapport a nos vies professionnelles, d’ou (en partie) mon virage professionnel : poupons et landaus bientôt ? inshallah! Pour l’instant temps de se reposer et quoi de mieux que de partir en lune de miel histoire de boucler la boucle comme j’aime tant le faire, donc Maldives here we come, suivi de la cote kenyane histoire de bien comparer les plages de l’océan indien, avant d écrire cette nouvelle page qui je l’espere sincèrement sera plus calme et moins passionnelle… reste a voir si cela sera possible dans cet humanitaire si prenant, si violent, et si nécessaire… Je voudrais terminer ce posting en le dédiant tout d’abord a mes 7 collègues d’ACF et aux 2 pilotes toujours détenus aujourd’hui en Somalie, en espérant leur libération au plus vite et la fin de cet enfer qui ne devrait jamais exister…en le dédiant ensuite a tous les staffs nationaux somaliens encore détenus, et dont le sort malheureusement semble moins importer vu que personne ne semble disposer a en parler, et enfin a tous les humanitaires qui continuent de travailler sur la Somalie tant bien que mal avec des contraintes grandissantes, et qui s’efforcent de faire une différence dans des conditions qui ne méritent rien d autre que du respect…big up to all of you !