13 octobre 2007

Un portrait (mo)rose de la situation?

Salam a tous, 6 mois plus tard je prends enfin le temps de mettre à jour ce blog décidément bien délaissé. Je vous écris en direct d’Hazerajat, en plein cœur d’Afghanistan, du sommet des montagnes, et où se trouve une de nos trois bases opérationnelles, à partir de laquelle nous menons des programmes de sécurité alimentaire et d’eau et assainissement. Ma deuxième visite terrain comme on dit. En tant que coordinateur logistique, une de mes fonctions est de se rendre régulièrement sur l’ensemble de nos bases pour s’assurer de la qualité du support logistique, coacher et former les logisticiens expatriés et nationaux, voire remettre les pendules à l’heure lorsque çà part en sucette. Une heure d’avion pour s’y rendre, 3 heures d’hélico, ou bien 3 jours bien crevants de 4X4 (ce que Bibi s’est farci à deux reprises aller et retour) Juste avant je rendais visite à notre base de Taywara qui tourne sans présence expatriée depuis Mai 2006 en raison de complications sécuritaires et de sa proximité avec le fief de nos amis Taleb. Heureusement que nous avons des projets à Kaboul pour se rappeler à la réalité du terrain. Eh oui pas simple la sécurité... Bonne transition pour vous parler de cette dernière qui n’a cessé de se dégrader depuis 2005, et qui n’a cessé de se dégrader depuis que les neiges ont fondu. Une seule expression me vient à l’esprit…la fête du slip!!! Kaboul reste notre base la plus risquée en raison de tout ce que vous pouvez voir et entendre dans les médias, et bien plus encore…la sécurité de la mission c non seulement de la gestion, mais c aussi être bloqué souvent à Kaboul pour assurer une évacuation si nécessaire, annuler des visites terrain, et modifier sans cesse nos plans pour s’adapter au contexte, réduire le risque au minimum, et tenter de demeurer imprévisibles. Eh bien en deux mots, j’ai bougé une première fois en Juillet (une visite), une deuxième fois en Octobre (deux visites), et je planifie deux visites avant l’hiver en novembre, si la sécurité le permettra bien entendu… Mais pourquoi tout cette insistance sur le sacro saint terrain ? eh bien tout simplement car cette année est ma première en tant que coordinateur, poste basé en capitale, qui a pour fonction de superviser ceux qui mettent en place les projets, ainsi que de gérer les interactions multiples (et souvent fastidieuses) avec le siège. En dehors de la sécurité du coaching et du contrôle dont je parlais au dessus, à moi la définition des besoins logistiques auprès des bailleurs de fonds et du siège (pour avoir des sous et du joli matos), et à moi la gestion de nos moyens existants à l’échelle du pays. Je suis donc responsable des parcs automobile informatique et équipement, du bon fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement de nos bases et programmes, sans compter le monitoring des mouvements à l’intérieur du pays, j’en passe et des meilleures. Bref vous l’aurez compris moins de contact avec les bénéficiaires mais un travail de manager tout aussi important, donnant les moyens à la mission de tourner sans accrocs, en collaboration avec les coordinateurs programme, l’administrateur (trice), et le chef de mission : l’équipe de coordination. Cette dernière est en contact avec le siège par le biais de référents techniques qui nous épaulent chacun dans son domaine, des services achats, IT, et maintenance qui nous permettent de pallier à ce que nous ne pouvons trouver ou faire sur place, et enfin par le biais du desk officer et de son équipe, sorte de GO de la mission en contact avec les sièges des bailleurs de fond, et en charge de faire valoir nos soucis et intérêts auprès de la direction des opération qui gère l’ensemble des missions d’Action Contre La Faim. Et c’est tout ? Eh bien non, j’oublie la direction technique en charge de la recherche qui vient souvent nous rendre visite pour faire avancer leur schmilblick, la direction de la communication qui s’occupe des médias mailings et autres communiqués auquel vous avez accès en Occident, la direction Financière qui nous donne les sous, et last but not least, la direction des ressources humaines qui nous fournit en expatriés, denrée si rare pour des destinations comme l’Afghanistan. Le mal profond qui nous ronge, celui de ne pas trouver de volontaires pour l’Afghanistan. La faute aux médias nous dit on et à l’image partielle véhiculée d’un pays violent et dangereux. Certes, mais pourquoi s’arrêter là? Pourquoi ne pas montrer les progrès accomplis depuis la chute des talibans en 2001? Oui la situation reste insurrectionnelle, le gouvernement contrôle moins de la moitié du pays, et il faudrait être naïf pour ne pas considérer ce pays comme un pays en guerre, mais quid de la reconstruction, des systèmes de santé et d’éducation qui se remettent progressivement sur pied, et des progrès constitutionnels achevés depuis bientôt 6 ans. Cela me rappelle la couverture médiatique des pays arabes, ou encore trop souvent on filme des reporters avec des terrains vagues ou des déserts pour background, pour entretenir l’image du bédouin qui peine à évoluer…sans commentaires! Un mal en entraîne un autre, celui qui impose la doctrine du mieux vaut être mal accompagné que seul…oui les mots sont dans l’ordre vous avez bien lu. Les clowns ne manquent pas dans ce pays au niveau des expatriés, entre ceux qui viennent sauver le pays ou encore évangéliser les sauvages. Nous avons eu en Avril l’illustration parfaite avec les deux Français de Terre d’Enfance kidnappés à Nimroz, une zone ou il faudrait être sacrément débile pour y mettre les pieds, puis l’autre exemple plus récent et plus édifiant des 23 sud coréens venus évangéliser les barbus et kidnappés sur l’axe routier le plus dangereux d’Afghanistan. La encore la faute à qui? A ceux qui les envoient pardi, ces petites organisations ou ces congrégations qui devraient être traînées en justice pour des actes pareils. Mais cette doctrine s’applique aussi en interne à nos organisations plus sérieuses qui peinent à trouver des volontaires pour animer nos projets. Chapeau aux clowns encore une fois mais à ceux qui passent au travers des mailles du filet ; une situation aussi exaspérante que je préfère en rester là ! Le dernier mal? Celui de l’argent malheureusement et de la politique de ceux qui le dispensent, à savoir la communauté internationale. Depuis deux ans maintenant l’orientation générale va vers le financement direct du gouvernement et des structures humanitaro militaires, censées savoir mieux que tout le monde comment adresser les problèmes dont nous les ONGs avons fait notre métier. Pour ce qui est du gouvernement, cette optique est à mon sens la bonne, à condition que la bonne gouvernance soit prouvée, ce qui hélas n’est pas encore le cas dans ce pays rongé par la corruption. Pour ce qui est de l’aberration que constituent nos amis du treillis en charge d’assister la population, difficile de trouver les mots tant cette association compromet notre neutralité et nous met, nous ONGs, sous la bannière de ceux qui prennent parti dans un conflit ou notre seul but est d’assister les personnes vulnérables. Que nous restent il alors de tous ces milliards investis dans la reconstruction de l’Afghanistan? Quelques miettes qui nous forcent depuis bientôt deux ans à réduire nos activités, alors que les besoins restent toujours aussi importants. Voila les amis pourquoi une mission comme l’Afghanistan est dite difficile. Car nous devons nous battre contre tous ces maux afin de continuer notre travail auprès de populations encore loin d’être tirées d’affaire. Et votre serviteur là dedans? Eh bien on garde la foi, surtout lors de ces visites terrain dont je vous parlais au début, lorsque nous rentrons en contact avec nos bénéficiaires et surtout avec ceux qui ne peuvent l’être faute de toutes ces limitations. L’Afghanistan a encore besoin des ONGs et n’à surtout pas besoin de tous ces clowns que nous croisons, et de cette confusion des genres que les bidasses nous imposent. Que faire? Prendre notre mal en patience et attendre que la communauté internationale change de tactique, et nous redonne les moyens d’agir à force de lobbying, de dénonciation, et de détermination…inch allah! Je voudrais terminer cette missive par une petite dédicace à mon camarade Irfan travaillant pour le Comité International de la Croix Rouge et qui a été fait prisonnier par une bande de criminels voulant le revendre aux talibans, alors que ce dernier rentrait d’une des zones les plus dangereuses du pays où il négociait la libération du dernier otage allemand qui a fait la une de vos journaux il y a quelques jours. Irfan a participé aussi à la libération des otages sud coréens dont la presse a fait les choux gras aussi. Fort heureusement pour lui, l’histoire s’est bien terminée et il a été relâché ainsi que ses 4 compagnons kidnappés avec lui. Irfan est en vacances là et reviendra bientôt continuer son travail. Une petite pensée pour ceux qui comme lui qui risquent leur vie tous les jours pour les autres dans ce pays, mais aussi dans toutes ces destinations troublées où nous tentons tant bien que mal de faire une différence…big up to all :-)

11 octobre 2007

News du Myanmar

Salut a tous, Pour vous faire patienter encore un peu avant mon prochain posting et pour ceux que ca interesse, voici un témoignage de ce qui se passe au Myanmar, vu de l'intérieur. L'auteur est une humanitaire, compagne d'un collègue ici en Afgha. Ca se passe de commentaires...hasta la proxima amigos y amigas, et une grosse pensée à tous ceux qui bossent vivent et essayent de changer la donne de par la bas! Sun, 30 Sep 2007 14:29:17 +0200 bonjour a tousdesole pour ce message qui arrive un peu tard..qques explications de ce que la plupart d'entre vous avez probablement vu a la téloche ou ds les journaux.la Birmanie, d'habitude qualifiée de pays endormi ou il ne se passe rien, s'est subitement réveillée en août. Suite a une augmentation des prix du carburant. Premières manifs de moines, et petit a petit leur nombre a grossi, et ils ont ete rejoints par des civils. Resultat, a yangon la semaine passee, 100.000 manifestants.il faut savoir que les dernières manifs remontent a 1988 et se sont soldées dans un bain de sang. C'est un peu ce qu'on craint cette semaine, car on ne sait pas encore comment le gouvernement va réagir. En fin de semaine, premiers signes de répression : 13 morts et bcp d'arrestations. Au passage, un journaliste japonais s est fait descendre. Est ce que les manifs vont s'arrêter suite a ces premiers morts? Aucune réponse à ce jourAu fin fond de la Birmanie, de fait épargnée par ces manifestations, les gens sont tellement oppresses par l'armée que personne n'ose manifester. (une personne a manifeste et s'est faite arrêtée... au bout de 200 mètres...), donc pas de risque pour notre sécurité - en tout cas aucune montée de violence dans les environs. par contre, si la situation se dégrade encore plus, il nous faudra peut être quitter le pays. (l'aéroport a été ferme, ce qui est mauvais signe, et la ville par laquelle nous passons pour rejoindre la capitale en prenant un vol intérieur a eu des manifestations assez violentes). Evidemment personne ne se réjouit de fermer les programmes et partir, mais c'est une option que nous devons aujourd'hui envisager. je pense que la situation va se calmer et que (malheureusement) la routine va reprendre pour la population. Je suis un peu pessimiste, je ne crois pas trop a une revolution.depuis cette semaine nous avons une ligne internet sécurisée, ce qui me permet de vous ecrire tout ca.tres grosses bises, je vous réécris bientot

27 septembre 2007

Une BD sur l'Afgha une

Salut a tous, En attendant mon arlésienne d'update de blog qui apparaitra 6 mois après le dernier (je pense pouvoir m'avancer cette fois ci) j'en profite pour faire un peu de pub à Nicolas Wild rentré il y a qque mois d'Afgha et qui publie sa BD. Allez nombreux, et achetez tout autant à mon avis ca vaut le détour! A bientôt :-)

07 août 2007

En attendant Godot

Allez dernier posting le 13 Avril et depuis des promesses des promesses....bon en attendant de rattraper (bientôt) 4 mois de silence voici un reportage de TF1 sur la mission d'ACF au Kenya, la ou nous étions avec Trayle l'année dernière pour bosser sur la grande sécheresse de 2006 comme ces messieurs dames la présentent. Mention spéciale au réservoir d'eau à la fin, construit par ma chérie dans le cadre de son programe d'eau et assainissement :-) Sinon pour info, ce reportage a été tourné dans le cadre de la commémoration du massacre de Muttur ou 17 de nos staffs ont été sauvagement assassinés l'année dernière au Sri Lanka. Une pensée pour eux et pour tous les collègues qui bossent dans ces zones si tendues. Pleins de bonnes choses à tous! http://tf1.lci.fr/infos/media/monde/0,,3514402,00-mission-action-contre-faim-kenya-.html

13 avril 2007

Kabul le jour, Kabul la nuit

Salut a tous, j’écris ces quelques lignes en ce vendredi 13 assis sur les canapés de l’Atmosphère, un club français ou se trouve une piscine, un bar, et un resto ou je conseille les steaks sauce roquefort juste après un carpaccio des familles, sans oublier le fondant au chocolat aux pépins de grenade, le tout rincé par un vin de pays pas piqué des vers….je suis où ? Mais a Kaboul pardi ! Début de réponse aux questions que beaucoup se posent et que je reçois régulièrement, la vie a Kaboul ? Pas trop dangereux ? Pas trop contraignant ? Sachez tout d’abord que nous sommes dans une république islamiste, et que comme pour tous les régimes religieux identiques (Iran, Pakistan…) en capitale et dans les grandes villes, cohabitent deux mondes en permanence, celui des expats, des binationaux, des pistonnés, des hauts dignitaires, et de certains locaux aventureux avec celui des afghans moyens bien moins doré, bien plus exposé, et surtout bien plus dangereux en ces années afghanes marquées par une détérioration assez hallucinante de la sécurité. Plus c religieux, plus c hypocrite en deux mots (rien de nouveau ceci dit) vu que les autorités ferment un œil qui souvent lorgne sur le portefeuille et autres bakchichs sur fond de flou juridique, de zones grises, et de démagogie populiste qui provoque de temps en temps des descentes type prohibition le côté Hollywood en moins. Quand on est expat, il y en a donc pour tous les portefeuilles, et presque pour tous les goûts. Que tout le monde se rassure donc nous ne manquons de rien (surtout pas de bonne bouffe et d’alcool) le tout dans des ambiances aussi sécurisées que possible. Cela devient plus compliqué quand nous voulons découvrir l’autre monde, le vrai, celui es afghans quoi. Bienvenue dans le monde de la sécurité tendue (dont bibi est le moniteur de par sa position de coordinateur logistique, le garant étant le chef de mission) ou se côtoient interdictions (essentiellement) prise de risques contrôlées (ou pas) et assessments en tout genre a chaque fois que nous sortons du périmètre validé. Pas le droit de marcher en dehors d’un petit rectangle, pas le droit de conduire, déplacements presque toujours accompagnés d’un staff national. Etre en retrait en permanence, ici point de visibilité ONG, tout le contraire en fait avec une politique low profile pour se fondre un maximum dans la masse. La barrière culturelle aussi est de taille, au vu des règles concernant les femmes déjà, mais aussi au vu d’un islam qui reste assez difficile à percer, entre politesse vis-à-vis d’expatriés, zèle propre, et désillusion face à un occident qui une fois de plus ne présente que sa face la plus mercantile et la moins idéologique, détournée et dénaturée régulièrement par ignorance, colère, et autre manipulations barbues. Donc voila passé les salamaleks de circonstance, les quelques outings aux restos populaires avec le staff, et les tasses de thé échangées au bureau, que reste t il ? Les expatrié(e)s, ma plus grande déception depuis mon arrivée en terre afghane. Les fidèles lecteurs de ce blog m’ont souvent vu faire l’apologie de ces cercles d’amis et de compagnons d’arme, dont la richesse n’a d’égal que la force et la sincérité. Quid de kabul? Tout le contraire malheureusement L Premier choc, l’expérience et l’âge moyen. Je m’attendais en arrivant dans un contexte aussi chevronné que l’Afghanistan à rencontrer des gens à l’expérience certaine, qui auraient roulé leur bosse dans d’autres destinations pour le moins costaudes, et d’un certain âge (sous entendu d’une certaine maturité) Que nenni! Avec une moyenne d’âge de 25 ans et un discours conséquent, le niveau ne vole décidément pas très haut. S’ajoute à çà une candeur impressionnante sur fond d’admiration pour « ce peuple de résistants et ce pays magnifique » faisant fi de toute réalité et/ou barrière sociale, historique, sécuritaire, et culturelle. L’humanitaire a toujours partiellement été un foyer pour personne en fuite de quelque chose, à la recherche d’une autre soit, mais un vivier pour jeunes en devenir qui se cherchent et qui font leur Erasmus en Afghanistan, j’avoue rester un peu perplexe. Autre choc, le communautarisme qui règne dans le milieu expatrié et surtout le milieu français. Si se retrouver entre compatriotes a toujours été un bonheur pimenté d’une bonne bouteille, d’une terrine maison, ou autres prétextes consistant à faire l’apologie de notre mode de vie à la gauloise, de rigoler d’un chauvinisme que nous rejetons à moitié (et de pourrir les rosbifs au rugby bien sûr) ici c’est plutôt le ghetto linguistique et culturel. La richesse de mon expérience humanitaire est toujours passée par ce mélange de nationalités que je n’ai pas besoin de détailler, et quelle déception de retomber dans un univers aussi monochrome! Ressortent les vieux clichés désagréables, les préjugés à la limite de l’intolérance (et de la connerie bien sûr) et le pire? Les autres nationalités en font de même…mais à qui jeter cette maudite pierre ? Bien entendu la résistance s’organise, minée par les fins de mission des valeureux résistants, mais la lutte continue. En fin de compte, est ce bien un mal? Le petit groupe de résistants a un avantage indéniable, celui de nous dégager pas mal de temps libre à exploiter de biens différentes manières, mais ce sera l’objet d’une prochain posting. Un vocabulaire militaire de circonstance depuis quelques lignes, pourquoi? Parce que nous sommes dans un pays en guerre active (nouveauté pour moi) et que par conséquent je découvre une nouvelle composante au paysage ONG, nos amis les militaires en campagne, chargés de faire la guerre mais aussi de gagner les « hearts and minds » formule tristement commune aux Einsteins en chars d’assaut. Le nom des troupes étrangères en Afghanistan, l’ISAF (International Security and Assistance Forces) résume la confusion dont nous faisons les frais en tant qu’ONG. Pour le I le S et le F pas de soucis, mais l’intrus reste quand même l’assistance apanage des humanitaires non? Et oui en deux mots les militaires ont décidés de nous « faire de la concurrence »…et çà donne quoi ? Un bordel digne de ce nom aussi dangereux pour la qualité de l’aide humanitaire que pour notre propre sécurité, merci les miloufs. L’aversion pour l’uniforme que j’ai toujours éprouvé résulte de motivations plus complexes aujourd’hui, mais elle n’en demeure pas moins une réalité en ce qui me concerne. Mais encore? Suite au prochain épisode pour vous garder dans l’expectative…

07 avril 2007

Chtit'interview

Salam a tous, Suite au kidnapping de deux humanitaires français, et en attendant la suite des festivités que nous promet malheureusement l'afghanistan, veuillez trouver ci joint une mini interview de vore serviteur avec le monde.fr. Merci Marion ;-) http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3216,36-892470@51-799721,0.html

12 mars 2007

Et c'est reparti Afghan Style

Salam aleikoum, Dernière dépêche le 12 novembre du Kenya, nouvelle missive le 12 Mars, 4 mois plus tard…..d’Afghanistan! Suis tranquillement dans mon lit à Kaboul en train de redonner vie à ce blog, trop négligé après mes péripéties à la frontière somalienne, et surtout en train de rétablir le contact avec la terre après une année 2006 chaotique et silencieuse à souhait dont je commence tout juste à me remettre. Alors par où commencer ? eh bien sachez que Trayle et moi sommes toujours ensemble et que nous nous sommes fiancés le 3 décembre à Nairobi. Cela s’est fait un dimanche matin au marché Masaï où le vendeur d’anneaux en argent nous en a mis deux aux doigts, avec pour témoins tous les commerçants entourant son tapis. Des fiançailles qui ont fait suite à la proposition en bonne et due forme faite (et acceptée) sur une plage de sable blanc de l’océan indien 6 mois plus tôt. Une manière fort charmante d’officialiser la plus agréable des situations qui nous a vu traverser pas mal d’épisodes et de destinations à deux, avec la manière. Nous ne parlerons pas de mariage pour l’instant, même si plusieurs idées nous trottent dans la tête : on vous tient au courant! Notre mission au Kenya s'est donc terminée le 19 décembre très précisément et nous avons pris un peu moins de 3 semaines de repos entre Paris et Londres le tout entrecoupé de préparations et briefes en tous genres avant de rejoindre ce pays qui en 1979 a vu naître Action Contre La Faim, et qui jusqu’aujourd’hui reste un destination emblématique de l’humanitaire, où son passé, présent, et futur s’y concentrent avec une densité telle qu’il est difficile de ne pas être en questionnement permanent sur ce que nous voyons et vivons ici. Point de bordel dans la tête du Mario mais tout s’entrechoque et part dans tous les sens à vitesse grand V. Comment vous l’expliquer et vous donner une idée de ce pays? Essayons de l’aborder par le biais de la chronologie, meilleur fil directeur à mon sens pour vous emmener là où je me trouve en ce moment. A l’évocation du passé de l’Afghanistan que vous vient il à l’esprit? l’invasion russe, les moudjahiddines, la guerre civile, Massoud, Ben Laden, les talibans, la coalition, le pavot et j’en passe et des meilleures. Les conflits internes et externes qui durent depuis trop longtemps qui ont mis le pays à genoux, qui ont traumatisé pour des générations, qui ont réduit tout espoir d’avenir ou simplement de projets pour le futur à des idées lointaines qu’on ne peut (et parfois veut) pas comprendre. Les parallèles avec le Congo affluent non pas sur le type de conflit ou sa durée, mais bien sur l’horreur qu’il a engendré et sur les conséquences dévastatrices qu’il a eu sur la population…De nôtre côté ONG, eh bien l’Afghanistan reste le laboratoire humanitaire où se sont développés (pour ne pas dire nés) protocoles, procédures, et autres méthodologies qui font aujourd’hui la force d’organisations comme Action Contre La Faim. Une mission enveloppée d’une attention toute particulière par notre siège de Paris (dont bon nombre de ses employés sont passés par là) qui sans vouloir l’admettre lui passe ses caprices tout en exigeant d’elle ce qu’elle peine parfois à fournir, tel une personne qui s’est sorti d’une relation amoureuse, mais qui continue à voir en celle dont il s’est séparé un futur commun aussi mélancolique qu’improbable, alors que cette dernière a grandi, évolué, changé, pour le meilleur et pour le pire. Le présent maintenant, résumé à mes yeux par cet énorme poster de Massoud visible dès que nous sortons du parking de l’aéroport et que nous commençons notre trajet vers la ville. Les afghans à l’image de ce dernier sont un peuple de guerriers pour qui l’honneur passe avant le dialogue, et pour qui les armes restent malheureusement les lettres les plus communes d’un alphabet dont personne ne semble se lasser quoiqu’en disent les médias et les autres...Massoud rime avec la France bien sur qui a investi en ce pays officiellement ou pas un nombre de ressources financières humaines et militaires que nous ne comptons plus. Mon ami Massoud disait notre philosophe du Point, grand résistant dont la réputation n’est plus à faire, mais qui n’hésita pas à bombarder Kaboul au gré des alliances avec certains chefs de guerre et autres parlementaires de la kalachnikov…demandez au Hazaras ce qu’ils en pensent disait un ami, mais bon pas envie de lancer un énième débat sur la question, aussi futile qu’ancienne…cet énorme poster donc pour rappeler à la France ce qu’elle aime, comme une forme d’autorisation de prélèvement automatique? On en est à se poser la question lorsqu’on voit le nombre de français à Kaboul et le nombre de représentations officielles, ONGs, et autres entreprises cocorico. Le label Afghanistan fait fureur côté tricolore, ainsi nous rencontrons les collègues d’Afghanistan libre, ceux d’Afghanistan demain, nous voyons les pancartes d’Afghanistan Bretagne (énorme çà), les projets d’Amitié franco Afghane…difficile de ne pas sourire! Alors ce poster ? tour de marketing, ou véritable identité qu’on s’efforce de bâtir en sus des luttes de clans, des trafics d’intérêts, sans oublier ceux du pavot? Je ne pense pas trouver la réponse à cette question, mais je reste aussi enchanté que fasciné par ce pays où tant de sentiments s’entremêlent. Et le futur alors? La grande inconnue en cette année annoncée comme charnière (tout comme l’année dernière ceci dit…) à tous les niveaux. Celui de la société déjà où tradition, religion, et autres assimilations culturelles se perdent au profit des futilités de la société de consommation. Mais comment reprocher aux afghans de profiter de notre paradis occidental de la consommation, cet exutoire à un présent bien terne que l’on préfère oublier au rythme des sonneries sophistiquées des portables, et au vrombissement des gros 4X4 importés? Au niveau politique aussi où la corruption a complètement rongé une administration incapable de tenir ses promesses d’un lendemain d’élection où Karzaï promettait un minimum syndical jamais matérialisé. Au niveau économique aussi où l’on s’acharne à détruire cette fleur de pavot souvent seul symbole d’une rentrée d’argent qui passe avant tout principe pour des gens dont la misère n’a d’égal que l’absence d’alternatives. Et au niveau militaire, où les tristement célèbres talebans qui exploitent cette nature (souvent) morte pour retrouver l’époque où comme le disait une affiche européenne de 2001, 100% des femmes étaient portées disparues, le tout bien entendu sur fond d’intérêts stratégiques du voisin pakistanais, et du one and only Uncle Sam acharné à vouloir triompher du mal, pour éclipser le rock’n’roll irakien, et autres aventures républicaines que vous connaissez mieux que moi… Le futur de nos ONGs enfin ? je me rends compte avec tout l’enthousiasme et l’intérêt qui en découle que nous écrivons ici même le nouvel ordre humanitaire post 11 septembre, avec la mort progressive dans leur forme actuelle de la neutralité et bon nombre de nos principes de fonctionnement, remplacées par une nouvelle donne sur fond d’intervention humanitaire/militaire de nos amis en treillis, de guerre des religions voire des civilisations (que ces lieux communs sonnent faux) avec toute la confusion type axe du bien versus axe du mal qui peut en découler Voila je pense avoir planté le décor, et je m’arrête là pour cette fois. La prochaine missive racontera notre quotidien kabouli aussi bien au travail qu’en dehors, sans oublier nos amis militaires qui pimentent à leur façon un quotidien déjà assez chargé. Je voudrais terminer ces lignes, en adressant une pensée aussi forte que sincère à tous les amis et collègues actuellement au Darfour. Pas besoin de revenir sur l’actualité ni sur le contexte de cette intervention, mais sachez que les agressions physiques et sexuelles dont font l’objet les populations et les ONGs de cette zone ont dépassé toutes les limites de l’acceptable. Je pense tout particulièrement aux équipes ACF et autres, qui en ont fait les frais récemment, et qui continuent malgré tout d’assurer l’acheminement de l’aide. Big up a vous amigos, on vous soutient par la pensée à défaut de mieux