15 février 2005

And so we end a chapter

Mboté Na Bisso, Tout d’abord merci du fond du cœur à tous ceux qui se sont inquiétés de mon silence prolongé. Ca m’a fait chaud au cœur de lire autant de mails me demandant de communiquer un peu plus : pas fait exprès je vous jure et pour tout cela tout simplement merci! Allez nous sommes le 15 février et cela fait donc 6 semaines depuis ma dernière missive. Permettez moi donc d’inaugurer ce nouveau rythme de correspondance bi trimestrielle en ce lendemain de St Valentin, bien lointain de Mbandaka. Petit topo pour introduire le pourquoi du comment. Souvenez vous un mois tout rond après être arrive au Congo, je me suis retrouvé tout seul sur ma base avec pour obligation de pallier à l’absence d’un autre expat et de faire face à la charge de travail de deux personnes, le tout dans un contexte que j’ai eu bien du mal a apprécier. Les temps de réaction étant trop lents à mon goût, j’ai demandé donc de terminer ma mission mi avril et d’être réaffecté dans un autre pays, car si le travail restait passionnant, ma réalité ici faisait tout pour détruire le positif de ma mission. Je me suis alors vu proposer de rester chef de base ici, afin de m’occuper du projet et de l’Admin. et délaisser la log, ce que j’ai tout bonnement refusé, voulant absolument passer à autre chose. C’est là que la proposition parfaite est tombée : passer chef de base (par choix et non par défaut) sur notre base de Malemba Nkulu dans le Katanga (sud est du Congo) afin de travailler sur des programmes de nutrition et d’hygiène de l’eau. Je vais devoir superviser une dizaine de centres de nutrition, un programme de forage, une soixantaine de staff local, un véritable parc auto/moto …bref vous l’aurez compris on passe à la vitesse supérieure. Bonheur de me voir confier un projet pareil après quatre mois dans l’humanitaire et ravi de voir que tous les efforts de ces quatre premiers mois ont porté d’aussi beaux fruits. A une exception près toute mon équipe de coordination s’est prononcée en faveur de ce choix et je n’en ai été que plus touché. Deuxièmement, fin de la sécurité alimentaire pour laquelle je n’éprouvais pas spécialement d’atomes crochus et place à deux nouveaux domaines qui sont à l’origine de ma motivation pour l’humanitaire. Enfin joie de me retrouver dans une équipe expats de 4 personnes (deux ingénieurs et une nutritionniste) ce qui va me changer de la compagnie du chat : voilà pour mes premières impressions. Je vais en un an et quelques faire l’expérience de trois domaines des quatre sur lesquels nous intervenons (reste la santé primaire) autant dire un bon paquet d’expérience chez ACF. Je referme donc une parenthèse riche en enseignements professionnels et humains, d’où je tire énormément de satisfactions et de joies comme vous avez pu le suivre, mais aussi un certain nombre de frustrations de par la manière dont s’est déroulé mon séjour Mbandakais : l’humanitaire a beau s’être professionnalisé, et l’ère des Rambos et autres hippies a beau être loin derrière nous, il reste en chantier. Je prends conscience donc que nôtre tâche est double ; oui nous travaillons pour les autres, mais aussi pour nous-mêmes et pour ceux qui prendront le relais sur le terrain, de façon à leur fournir le support optimal en vue d’améliorer sans cesse leur sécurité et leur efficacité. Croyez moi toutes ces personnes qui se débattent au siège au rythme des incessants rapports, meetings et comptes rendus font tout sauf de l’esbroufe, mais arrêtons nous là pour l’instant et revenons à mes aventures congolaises. Je suis parti en break (on en a un tous les trois mois) le lundi 23 janvier après avoir bouclé notre activité 2004 relative au budget en cours et fait repartir toutes nos équipes (souvenez vous nous opérons sur 3 arrières bases dans tout l’Equateur) sur le terrain. Nous étions à une semaine de la fin du budget et toujours sans nouvelles quand au renouvellement de ce dernier. Ce petit con est finalement tombé le 31 janvier pour une année supplémentaire, nous allons donc non seulement continuer notre travail mais surtout s’éviter la pénible tâche de mettre 60 personnes au chômage, et mettre en branle le processus crève cœur de démantèlement et rapatriement de nos actifs. Mon break donc que j'ai passé au Caire en compagnie de la soeurette et de mes deux géniteurs...de la bouffe dans tous les sens, une bonne petite semaine pharaonique et nassérienne (rien nasser de s'obstruer l'canal disait la chanson mais ça c'est une autre histoire) et surtout la joie de retrouver un mode de vie civilisé avec de l'eau courante, de l'électricité, la télé avec des films....bref du plus que nécessaire pour repartir du bon pied! Après un passage très bref par Kinshasa, je suis revenu sur Mbandaka avec mon successeur et mon coordinateur logistique afin d’effectuer la passation et surtout d’évaluer les dégâts de quatre mois en sous effectif sur une base. Mes derniers moments à Mbandaka et je dois reconnaître que les sensations sont bizarres. Je vais me désengager totalement d’un projet que j’ai vécu intensément, et me détacher d’un staff avec qui nous avons vécu des choses très fortes. Une impression de déjà vécu…je repense à mon départ de Londres et cette relativisation couplée à un compte à rebours choisi mais plein d’inconnu : mes premiers pas dans ma nouvelle vie sans doute, et une émotion que je maîtriserai sûrement avec le temps, mais d’ici là je ne pourrai pas dire que je n’ai pas vibré. Déjà vécu aussi cette séparation avec les amis, MSF, ONU, et autres…des visages, des rires, des pleurs, des angoisses et j’en passe et des meilleures que nous avons vécu ensemble au rythme d’alertes sécuritaires, de tracasseries incessantes, mais aussi au rythme d’accomplissements collectifs et de résultats à vous donner toute la conviction pour continuer…que c’est dur et je repense à la rue Ketanou qui chante « on avance seuls sur la route…je continue coûte que coûte » allez prochain plongeon dans quelques jours. Retour jeudi sur Kinshasa, puis départ samedi pour Lubumbashi la deuxième grande ville du pays, ou je passerai deux jours sur notre base support, et lundi vol spécial pour Malemba Nkulu. Alors quid? Du Rock’n' roll si j’ai bien compris. J’aurai tout le temps de vous narrer nos activités là bas dès que j’aurai mis la tête dedans, mais en attendant sachez que je débarque en territoire Maï Maï, les fameuses milices armées qui contrôlent le coin avec tout leur réseau de chefs de guerre, au détriment d’une présence gouvernementale bien illusoire. Pas de danger sécuritaire notoire à relever, mais un contexte tout de même délicat où il faudra ménager certaines susceptibilités. Comme dit une collègue, non monsieur Maï Maï, laissez la machette à l’entrée s’il vous plaît…on va rigoler je vous le dis. Plus sérieusement, ACF est de loin le plus gros employeur de la région (province ?) notre champ d’action est aussi large que varié, et la corruption est bien réduite comparé à notre charmante province de l’Equateur : tout semble réuni pour constituer la mission idéale ? Suite au prochain épisode ;-) Maintenant notre gros inconvénient c’est que nous n’aurons ni téléphone ni Internet!!!! Oui les amis le manque de communication que je redoutais tant s’est enfin manifesté et ça va être comme qui dirait tendu pour vous alimenter en missives et autres comptes rendus ; en effet notre seul contact avec le monde extérieur sera le Télex avec notre base arrière, et le téléphone satellite à 15 Dollars la minute, utilisé uniquement pour les contacts sécuritaires. Côté vie nocturne et divertissements Malemba vous fait passer Mbandaka pour Lausanne…enfin bon je me comprends ! Heureusement que nous allons être quatre expats ACF là bas, car à part les deux du CICR nous allons être étrangement seuls…vous l’aurez compris un challenge supplémentaire et un test supplémentaire pour voir jusqu’ou je peux tenir : les expats déjà passés par là bas ont tous été charmés par l’expérience et il me tarde de pouvoir vous narrer tout cela. Un déplacement sur Lubumbashi est prévu toutes les six semaines pour notre santé mentale, et c’est là que je pourrai mettre à jour mon blog et lire tous vos mails, puis me tenir au courant de ce qui se passe dans le monde. Bon le CICR dispose d’une antenne satellite nous permettant de recevoir les news et surtout de regarder le rugby (pourvu qu’on s’entende bien) mais ce n’est pas garanti encore : wait and see! En attendant vous recevrez très prochainement un e mail de ma part avec ma nouvelle adresse mail et un petit update sur comment me faire parvenir de vos nouvelles. J’ai signé pour un an donc le Congo ce sera jusqu’en décembre, et j’espère rentrer au Moyen Orient / Europe pour les fêtes de fin d’année…en attendant ce sera au rythme des breaks que je verrai du pays : déjà l’Egypte et le Kenya pour une escale nocturne mémorable, au menu en avril l’Afrique du Sud (Durban ou Le Cap à définir suivant le déroulement de la Currie Cup) puis je reste ouvert pour juillet et octobre. Zanzibar? Mozambique? Namibie? Ah la la c’est pas évident je vous jure…allez sur ces quelques conneries je vous dis à plus que bientôt, prochain contact fin Mars ou vous saurez tout de mes premiers pas, en espérant qu’ils soient à la hauteur de mes espérances. Ah oui un dernier truc, donnez à Action Contre La Faim… Salam! PS : Amis rugbyphiles, j’ai la joie de vous annoncer que dimanche dernier j’étais devant mon téléviseur en train de regarder SS1 une chaîne sud africaine de sport qui m’a permis de voir notre cher XV de France mettre la (petite) raclée à nos chers rosbifs à Twickenham…ah la la cette action de Traille en deuxième mi temps qui en fixe quatre d’un coup on se serait cru en 2002 à nouveau…heureusement que Merceron avait déjà pris sa retraite…héhéhé, j’espère que je pourrai regarder France Galles, sinon je compte sur vous pour les comptes rendus. Enfin bon en ce qui me concerne on a niqué les anglais chez eux alors le reste du tournoi, vous pensez bien…

4 commentaires:

Anonyme a dit…

whouuuuuuuuuuuh félicitations Mario ! Beaucoup d'enthousiasme en lisant ton mail (tu peux être fier de la confiance que ton ONG t'accorde) mais aussi un peu d'inquiétude... en effet, on ne peut pas dire que, nous, petits parisiens bien assis dans notre canapé, on n'entende de la bouche de PPDA que des choses bien et tranquille sur cette région !!!

J'aurai du lire ton blog plus tôt pour te laisser un message... tu dois être en transit dans un aéroport là puisque nous sommes samedi... peut être liras tu ce mot avant ces 6 semaines sans communication à moins de 15 dollars (et moi qui me plaignait de mon forfait portable !!!)

Je te fais des milliers de bisous. Bon courage à toi et que l'aventure soir belle !
A très vite pour lire encore et encore de tes nouvelles

Anonyme a dit…

euuuuuuh j'ai été un peu vite en écrivant mon message alors a pas pensé à signer ! C t Audounette !

Anonyme a dit…

Salut mon Toyost, pas encore eu le temps de tout lire, d'ailleurs du temps pour rien mais une envie de voyages et de tour du monde de plus en plus monstrueuse !! (copywright LEs Inconnus, Isabelle). Bref tout cela pour te dire que je pense bien à toi et que j'aimerais bien de rejoindre dans ces terres perdues au milieu du monde. Alex

Anonyme a dit…

Mon très cher Farès,

comme nous n'avons plus de nouvelle, je me mets à espérer que cette grande nouvelle est venue jusqu'à toi et que tu es déjà sur la route :
Vladimir Cosma passe en concert demain au grand rex et nous promets ses plus grandes musique de film.

J'espère de tout coeur t'y croiser.

Ton Rabbi Seligmann