17 avril 2005

Congo Part 2

Salam a tous A y est retour de brousse après finalement huit semaines. Huit semaines coupé du monde avec pour seuls liens le télex avec ma base support, et les quelques rares moments ou nous arrivons à capter la radio. Huit semaines donc a bouffer du terrain et vous savez quoi ? Qu’est ce que c’est bon…allez je me lance. Malemba Nkulu donc, au milieu de nulle part accessible par le fleuve et par la piste de brousse qui permet aux petits porteurs de nous ravitailler et de nous transporter de et vers la civilisation. Un enclavement comme on en fait peu qui s’explique par la géographie, l’état des pistes (le mot route serait galvaudé) puis la saison des pluies restreignant voire paralysant certains déplacements. Aussi laissez entrer les acteurs j’ai nommé les hommes en vert (l’armée quoi) et les Maï Maï, nos chères milices qui refusent de déposer les armes et qui refusent d’accepter une autre justice que la leur. Pas vraiment la robe de juge d’ailleurs, plutôt l’alcool et les substances sur fond de jolies pétoires. Enfin les figurants, la malheureuse population pour qui quotidien rime avec rançonnement, harcèlement, voire viol et meurtre lorsque ces messieurs mettent du cœur à l’ouvrage. Figurants donc?Excellant dans les déplacements de population, et se réfugiant souvent dans les croyances traditionnelles et l’obscurantisme religieux pour résoudre leurs problèmes. ACF alors…nous essayons de faire une différence en soignant les enfants malnourris victimes de ces mouvements, lorsque les parents veulent bien les emmener dans nos centres. Enfin, nous essayons de créer et d’améliorer un accès à l’eau pour des villages qui parfois en connaissent à peine le goût. Bien sûr cela vaut lorsque les localités ne croient pas que nous allons réveiller les esprits en visitant leur source, et lorsque ces derniers réhabilitent les routes pour nous permettre de les atteindre. Charmant tableau donc dans lequel nous avançons au rythme de monitoring sécuritaire, de pannes radios, de voitures qui s’embourbent, et de fuel qui vient à manquer. Mon fils tu es un homme maintenant.. Pas vraiment papa mais je laisse pousser la barbe c’est un bon début (ben comme j’ai plus de cheveux). De l’intérieur donc, une base comme on en rêve, quand on en rêve. 45 personnes qui font tourner le bébé à merveille, des procédures respectées, une honnêteté à faire peur au congolais moyen, et un dévouement et qui permettent de surmonter au quotidien toutes les difficultés que j’ai exposées : le pourquoi du comment et la source de mon récent bonheur. Que l’Equateur me semble loin avec sa malhonnêteté, sa corruption, et sa paresse, et quel bonheur de ne pas avoir quitté le Congo sur les impressions négatives qui m’avaient mangé. Parlez-moi de nouvelles réalités, oui papa je grandis plus vite que prévu et je me prends des claques mais si je veux devenir un vrai huma faut bien faire son baptême du feu. Je ne ferai pas dans le voyeurisme ni dans la description graphique par respect pour tous les gens qui ne s’en sortent pas, tous les enfants qui meurent dans nos centres pour y avoir été emmenés trop tard, et surtout car chacun de nous comprend ceci à sa manière si jamais nous arriverons un jour à comprendre. Mais quel sadisme nous pousse à apprécier l’humanité dans ce qu’elle fait de plus pervers…eh bien le fait de se dresser contre tout ceci, et même parfois de changer les choses. Cette brousse mentale et physique a des effets thérapeutiques qu’on ne lui suspecterait pas…à reléguer un vieux débris réac en soutane blanche qui claque sa pipe au rang de curiosité pour touristes japonais en mal de sensations photographiques. J’ai même du mal à me souvenir de mon aversion pour monsieur Bush c’est vous dire. Oui les amis la brousse ça vous change un Mario en mieux.. J’espère! Vous m’en direz des nouvelles quand vous me verrez, mais pour l’instant je continue. Que nous mijote le Congo pour les mois à venir ? Que des bonnes choses à l’orée des élections qui n’auront pas lieu et de tout ce que cela va engendrer comme désordre en attendant pire. Des manipulations à but électoral qui feront des figurants dont je parlais des acteurs aguerris dans la misère quotidienne dont ils ne sont plus très loin. Jusque quand ces gens là vont ils être obligés de faire leurs gammes ? Loin des caméras, du tsunami, et du téléthon, va falloir attendre que ce soit encore plus costaud pour que quelqu’un les entende ces putains de gammes. En attendant, nous attendons. Quoi? Des budgets pardi ! La fin des manipulations, des pressions internationales, et peut être la décision d’un gros barbu dans un bureau qui débloquera quelques millions…on ferait vraiment une différence ? Je veux y croire, mais en attendant ce n’est pas mon boulot ni ma priorité. Je vous laisse donc, retourne dans la jungle pour en ressortir dans deux mois environ avec tout plein de choses. Contact dans huit semaines et si je peux avant. En attendant donnez à ACF si vous pouvez çà aiderait les figurants, bien plus que vous ne l’imaginez…ah oui un dernier truc. Je vais bien, plus que bien même, et merci pour tous les mails que j’ai trouvé dans ma boîte. Merci pour tout le soutien que vous me donnez, la brousse serait plus dure sans vous sincèrement. A bientôt tous et continuez à en balancer autant que vous pouvez. C’est votre contribution et pas des moindres. Ciao babies!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

salam mario, encore un msg de Jan depuis Paris, je serai inch'allah au Burundi d'ici quelques semaines avec ACF-France, ma zone de break sera Nairobi comme toi j'imagine. si tu passes par buja, tell me :) a++
bon courage François :) ça mène à tout Bordeaux faut croire!