13 octobre 2007

Un portrait (mo)rose de la situation?

Salam a tous, 6 mois plus tard je prends enfin le temps de mettre à jour ce blog décidément bien délaissé. Je vous écris en direct d’Hazerajat, en plein cœur d’Afghanistan, du sommet des montagnes, et où se trouve une de nos trois bases opérationnelles, à partir de laquelle nous menons des programmes de sécurité alimentaire et d’eau et assainissement. Ma deuxième visite terrain comme on dit. En tant que coordinateur logistique, une de mes fonctions est de se rendre régulièrement sur l’ensemble de nos bases pour s’assurer de la qualité du support logistique, coacher et former les logisticiens expatriés et nationaux, voire remettre les pendules à l’heure lorsque çà part en sucette. Une heure d’avion pour s’y rendre, 3 heures d’hélico, ou bien 3 jours bien crevants de 4X4 (ce que Bibi s’est farci à deux reprises aller et retour) Juste avant je rendais visite à notre base de Taywara qui tourne sans présence expatriée depuis Mai 2006 en raison de complications sécuritaires et de sa proximité avec le fief de nos amis Taleb. Heureusement que nous avons des projets à Kaboul pour se rappeler à la réalité du terrain. Eh oui pas simple la sécurité... Bonne transition pour vous parler de cette dernière qui n’a cessé de se dégrader depuis 2005, et qui n’a cessé de se dégrader depuis que les neiges ont fondu. Une seule expression me vient à l’esprit…la fête du slip!!! Kaboul reste notre base la plus risquée en raison de tout ce que vous pouvez voir et entendre dans les médias, et bien plus encore…la sécurité de la mission c non seulement de la gestion, mais c aussi être bloqué souvent à Kaboul pour assurer une évacuation si nécessaire, annuler des visites terrain, et modifier sans cesse nos plans pour s’adapter au contexte, réduire le risque au minimum, et tenter de demeurer imprévisibles. Eh bien en deux mots, j’ai bougé une première fois en Juillet (une visite), une deuxième fois en Octobre (deux visites), et je planifie deux visites avant l’hiver en novembre, si la sécurité le permettra bien entendu… Mais pourquoi tout cette insistance sur le sacro saint terrain ? eh bien tout simplement car cette année est ma première en tant que coordinateur, poste basé en capitale, qui a pour fonction de superviser ceux qui mettent en place les projets, ainsi que de gérer les interactions multiples (et souvent fastidieuses) avec le siège. En dehors de la sécurité du coaching et du contrôle dont je parlais au dessus, à moi la définition des besoins logistiques auprès des bailleurs de fonds et du siège (pour avoir des sous et du joli matos), et à moi la gestion de nos moyens existants à l’échelle du pays. Je suis donc responsable des parcs automobile informatique et équipement, du bon fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement de nos bases et programmes, sans compter le monitoring des mouvements à l’intérieur du pays, j’en passe et des meilleures. Bref vous l’aurez compris moins de contact avec les bénéficiaires mais un travail de manager tout aussi important, donnant les moyens à la mission de tourner sans accrocs, en collaboration avec les coordinateurs programme, l’administrateur (trice), et le chef de mission : l’équipe de coordination. Cette dernière est en contact avec le siège par le biais de référents techniques qui nous épaulent chacun dans son domaine, des services achats, IT, et maintenance qui nous permettent de pallier à ce que nous ne pouvons trouver ou faire sur place, et enfin par le biais du desk officer et de son équipe, sorte de GO de la mission en contact avec les sièges des bailleurs de fond, et en charge de faire valoir nos soucis et intérêts auprès de la direction des opération qui gère l’ensemble des missions d’Action Contre La Faim. Et c’est tout ? Eh bien non, j’oublie la direction technique en charge de la recherche qui vient souvent nous rendre visite pour faire avancer leur schmilblick, la direction de la communication qui s’occupe des médias mailings et autres communiqués auquel vous avez accès en Occident, la direction Financière qui nous donne les sous, et last but not least, la direction des ressources humaines qui nous fournit en expatriés, denrée si rare pour des destinations comme l’Afghanistan. Le mal profond qui nous ronge, celui de ne pas trouver de volontaires pour l’Afghanistan. La faute aux médias nous dit on et à l’image partielle véhiculée d’un pays violent et dangereux. Certes, mais pourquoi s’arrêter là? Pourquoi ne pas montrer les progrès accomplis depuis la chute des talibans en 2001? Oui la situation reste insurrectionnelle, le gouvernement contrôle moins de la moitié du pays, et il faudrait être naïf pour ne pas considérer ce pays comme un pays en guerre, mais quid de la reconstruction, des systèmes de santé et d’éducation qui se remettent progressivement sur pied, et des progrès constitutionnels achevés depuis bientôt 6 ans. Cela me rappelle la couverture médiatique des pays arabes, ou encore trop souvent on filme des reporters avec des terrains vagues ou des déserts pour background, pour entretenir l’image du bédouin qui peine à évoluer…sans commentaires! Un mal en entraîne un autre, celui qui impose la doctrine du mieux vaut être mal accompagné que seul…oui les mots sont dans l’ordre vous avez bien lu. Les clowns ne manquent pas dans ce pays au niveau des expatriés, entre ceux qui viennent sauver le pays ou encore évangéliser les sauvages. Nous avons eu en Avril l’illustration parfaite avec les deux Français de Terre d’Enfance kidnappés à Nimroz, une zone ou il faudrait être sacrément débile pour y mettre les pieds, puis l’autre exemple plus récent et plus édifiant des 23 sud coréens venus évangéliser les barbus et kidnappés sur l’axe routier le plus dangereux d’Afghanistan. La encore la faute à qui? A ceux qui les envoient pardi, ces petites organisations ou ces congrégations qui devraient être traînées en justice pour des actes pareils. Mais cette doctrine s’applique aussi en interne à nos organisations plus sérieuses qui peinent à trouver des volontaires pour animer nos projets. Chapeau aux clowns encore une fois mais à ceux qui passent au travers des mailles du filet ; une situation aussi exaspérante que je préfère en rester là ! Le dernier mal? Celui de l’argent malheureusement et de la politique de ceux qui le dispensent, à savoir la communauté internationale. Depuis deux ans maintenant l’orientation générale va vers le financement direct du gouvernement et des structures humanitaro militaires, censées savoir mieux que tout le monde comment adresser les problèmes dont nous les ONGs avons fait notre métier. Pour ce qui est du gouvernement, cette optique est à mon sens la bonne, à condition que la bonne gouvernance soit prouvée, ce qui hélas n’est pas encore le cas dans ce pays rongé par la corruption. Pour ce qui est de l’aberration que constituent nos amis du treillis en charge d’assister la population, difficile de trouver les mots tant cette association compromet notre neutralité et nous met, nous ONGs, sous la bannière de ceux qui prennent parti dans un conflit ou notre seul but est d’assister les personnes vulnérables. Que nous restent il alors de tous ces milliards investis dans la reconstruction de l’Afghanistan? Quelques miettes qui nous forcent depuis bientôt deux ans à réduire nos activités, alors que les besoins restent toujours aussi importants. Voila les amis pourquoi une mission comme l’Afghanistan est dite difficile. Car nous devons nous battre contre tous ces maux afin de continuer notre travail auprès de populations encore loin d’être tirées d’affaire. Et votre serviteur là dedans? Eh bien on garde la foi, surtout lors de ces visites terrain dont je vous parlais au début, lorsque nous rentrons en contact avec nos bénéficiaires et surtout avec ceux qui ne peuvent l’être faute de toutes ces limitations. L’Afghanistan a encore besoin des ONGs et n’à surtout pas besoin de tous ces clowns que nous croisons, et de cette confusion des genres que les bidasses nous imposent. Que faire? Prendre notre mal en patience et attendre que la communauté internationale change de tactique, et nous redonne les moyens d’agir à force de lobbying, de dénonciation, et de détermination…inch allah! Je voudrais terminer cette missive par une petite dédicace à mon camarade Irfan travaillant pour le Comité International de la Croix Rouge et qui a été fait prisonnier par une bande de criminels voulant le revendre aux talibans, alors que ce dernier rentrait d’une des zones les plus dangereuses du pays où il négociait la libération du dernier otage allemand qui a fait la une de vos journaux il y a quelques jours. Irfan a participé aussi à la libération des otages sud coréens dont la presse a fait les choux gras aussi. Fort heureusement pour lui, l’histoire s’est bien terminée et il a été relâché ainsi que ses 4 compagnons kidnappés avec lui. Irfan est en vacances là et reviendra bientôt continuer son travail. Une petite pensée pour ceux qui comme lui qui risquent leur vie tous les jours pour les autres dans ce pays, mais aussi dans toutes ces destinations troublées où nous tentons tant bien que mal de faire une différence…big up to all :-)

11 octobre 2007

News du Myanmar

Salut a tous, Pour vous faire patienter encore un peu avant mon prochain posting et pour ceux que ca interesse, voici un témoignage de ce qui se passe au Myanmar, vu de l'intérieur. L'auteur est une humanitaire, compagne d'un collègue ici en Afgha. Ca se passe de commentaires...hasta la proxima amigos y amigas, et une grosse pensée à tous ceux qui bossent vivent et essayent de changer la donne de par la bas! Sun, 30 Sep 2007 14:29:17 +0200 bonjour a tousdesole pour ce message qui arrive un peu tard..qques explications de ce que la plupart d'entre vous avez probablement vu a la téloche ou ds les journaux.la Birmanie, d'habitude qualifiée de pays endormi ou il ne se passe rien, s'est subitement réveillée en août. Suite a une augmentation des prix du carburant. Premières manifs de moines, et petit a petit leur nombre a grossi, et ils ont ete rejoints par des civils. Resultat, a yangon la semaine passee, 100.000 manifestants.il faut savoir que les dernières manifs remontent a 1988 et se sont soldées dans un bain de sang. C'est un peu ce qu'on craint cette semaine, car on ne sait pas encore comment le gouvernement va réagir. En fin de semaine, premiers signes de répression : 13 morts et bcp d'arrestations. Au passage, un journaliste japonais s est fait descendre. Est ce que les manifs vont s'arrêter suite a ces premiers morts? Aucune réponse à ce jourAu fin fond de la Birmanie, de fait épargnée par ces manifestations, les gens sont tellement oppresses par l'armée que personne n'ose manifester. (une personne a manifeste et s'est faite arrêtée... au bout de 200 mètres...), donc pas de risque pour notre sécurité - en tout cas aucune montée de violence dans les environs. par contre, si la situation se dégrade encore plus, il nous faudra peut être quitter le pays. (l'aéroport a été ferme, ce qui est mauvais signe, et la ville par laquelle nous passons pour rejoindre la capitale en prenant un vol intérieur a eu des manifestations assez violentes). Evidemment personne ne se réjouit de fermer les programmes et partir, mais c'est une option que nous devons aujourd'hui envisager. je pense que la situation va se calmer et que (malheureusement) la routine va reprendre pour la population. Je suis un peu pessimiste, je ne crois pas trop a une revolution.depuis cette semaine nous avons une ligne internet sécurisée, ce qui me permet de vous ecrire tout ca.tres grosses bises, je vous réécris bientot