18 novembre 2004

Tracasseries

Mboté Na Bisso, Tracasseries donc...derrière ce mot anondin pourtant partie integrante de la vie Congolaise se cache la source de l'enfer que je viens de vivre ces dix derniers jours! certains me demandent si c'est dur le Congo, ma réponse est bien sûr que non, faut juste de l'EXOMIL pour mener a bien son travail, mais laissez moi vous raconter. Tout a commencé avec la préparation de notre meeting trimestriel avec nos trois superviseurs. Un déplacement de quatre jours (deux sur le fleuve) à BARINGA par canot rapide...complication dans l'etablissement du permis de voyager, complications dans l'etablissement de nos papiers de voyage expats, bref deux journées marathon pour arriver à un jour de retard! départ tant bien que mal le jeudi matin ma collègue, mes deux pilotes hors bord, mon mécano, moi même et nos affaires plus le carburant. C'en était trop pour notre petit canot qui refusa tout simplement de déjauger nous forcant a decaler notre voyage de deux bonnes heures et surtout d'abandonner des futs de carburant nous laissant dans l'obligation de nous ravitailler en cours de route: jusque la des contraintes logs tout ce qu'il y a de plus classique, et nous sommes partis l'esprit tranquille dans l'idée d'arriver dans la journée, en comptant sur mon pilote de BARINGA qui viendrait nous trouver en cours de route (de fleuve en fait) pour nous ravitailler. Nos consignes sécu nous interdisant de rouler la nuit sauf urgence (et la nuit tombant a 18h) nous décidons de passer la nuit a Basankusu, port ou est située une base MSF, car il faut le savoir, ici tu ne dors que chez des expats! nous nous rendons chez les collègues qui nous accueillent à bras ouverts (ah la solidarité inter ONG) mais nous devons revenir au port car l'office des migrations n'accepte pas nos documents de voyage: nous nous faisons expliquer que le pays n'est pas reunifié (foutaises) que nos documents ont été établis par des autorités non reconnues ici, et que nous sommes en infraction!!! l'envie de strangulation toujours mais le souci de respecter notre planning nous embarque dans trois heures de discussion (mais quels fils de p...) pour arriver a la conclusion suivante : rendez vous a 5 heures du mat le lendemain chez le numéro 1 de l'office des migrations afin de "négocier" notre départ au plus tôt. Inutile de préciser que l'enervement fait place au désespoir...big up a ma collègue d'ailleurs dont le positivisme a réussi à ne pas me faire sombrer dans une noirceur difficilement évitable. Après une sieste de quelques heures, nous voila rendu a 5h00 chez l'enc... en chef qui veut nous faire remplir des papiers, nous faire payer, requisitionner notre lampe torche et qui voyant qu'il n'aboutit a rien essayer meme de recuperer mon T shirt ACF. L'intimidation, la patience, et l'arrogance aidant nous partons finalement a 6h30 les nerfs aussi tendus qu'un string sur le cul d'une grosse en esperant arriver le plus vite a BARINGA. Prochaine étape, vous l'aurez deviné, la panne sèche vu que mon pilote ravitailleur brillait par son absence. Nous voila à MOPANGA (une sorte de grande métropole vous devinez) en train d'essayer un plan C avec départ de motos chargées de futs d'essence de BARINGA pour nous sauver...deux heures plus tard, notre pilote apparait frais comme un gardon en nous expliquant qu'il nous attendait depuis la veille a 8km en amont...Michel, quand tu pars ravitailler qqun c toi qui trace parce que c celui qui a besoin d'essence qui va tomber en panne non?trop compliqué...allez arrivée a 13h a BARINGA, on oublie tout on dejeune et on commence à bosser d'accord? pas de l'avis de tout le monde....vers 16h nous sommes interpellés par des bruits de foule et c la que nous decouvrons un attroupement d'une bonne centaine de personnes à l'exterieur de notre base, dont une bonne moitié serieusement éméchée, en train de crier et de se comporter de manière vraiment pas amicale. Nous sortons donc, ma collègue bien entourée par moi même et nos 3 superviseurs: il s'agit des personnes non retenues par ACF pour la distribution, vu qu'ils ne rentrent pas dans nos critères de vulnérabilité. Eh oui certains peuvent s'etonner mais voila la froide réalité de notre travail lorsque nos budgets sont limités... il s'ensuit alors une heure et demie de dialogue de sourds entrecoupé de menaces, cris, et autres manifestations de virilité dont on se serait bien passé. Ca n'a absolument pas dégénéré, mais je dois reconnaître que l'espace d'un instant j'ai cru que j'allais avoir mal...allez nous nous quittons dans l'attente de leurs doleances par écrit, fin de la journée, et début de l'enfer équatorial des insectes et autres charmants moustiques. Car ce ne sont pas des piqures que j'ai mais bel et bien des mini blessures tellement ces saloperies sont coriaces: je recommande a tous d'etre allongé dans un lit bien protégé par sa moustiquaire et de rgarder ces mini monstres essayer de la perforer: l'enfer vert. Pour info, il faut savoir que certains insectes sont dotés d'un venin qui rend aveugle...rock'n'roll people. Notre meeting se termine le lendemain et nous n'avons qu'une seule hate c'est de rentrer a Mbandaka. reveil donc en grande forme avec la volonté de partir a 6h00 petantes....nous partons a 7h car mon log auxiliaire avait oublié de faire le plein de la moto qui nous menait de la base au canot...congo style! allez nous partons dans l'espoir d'arriver le jour même, espoir qui meurt deux heures plus tard lorsque le moteur lache! nous voila a nouveau echoué dans un campement de pecheurs sur le fleuve entourés de moustiques et de locaux qui nous observent. Le piston a cassé, et les réparations durent deux heures et demies. Je dois reconnaitre que sans nos pilotes d'exception nous serions bien mal, grace a leur savoir faire nous repartons sachant que le retour dans la journée sera fortement compromis, à moins de rouler la nuit! bon arrivée à 16h a Basankusu que fait on? on continue bien sûr. Décision exceptionnelle prise au regard de nos dernières aventures dans ce charmant port. Je vous fais le topo, nuit noire, il pleut dru, nous sommes sous une bache qui fait ce qu'elle peut pour nous garder au sec. Me voila trempé, ne voyant rien, tremblant de froid avec notre vie entre les mains de nos pilotes: que faire alors? eh bien rigoler et s'occuper l'esprit pour ne pas tomber dans le stress...allez 7 heures plus tard (23h donc) nous arrivons enfin a Mbandaka, fin de l'odyssée!!! Voila, je pense que vous aurez tous compris, quand le Congo veut nous mettre à l'épreuve il n'a pas besoin de faire beaucoup d'efforts...je pourrais continuer des heures sur les tracasseries qui ont retardé mes barges d'une semaine (barges portant nos intrants pour les distribs), les gardiens de la residence qui avaient tiré notre rallonge chez eux, le crétin d'armateur qui a failli endommager un hors bord de l'ONU avec ses manoeuvres (ma responsabilité en cas de pépin), la barge qui est tombée en panne après être partie, le besoin d'envoyer mes pilotes par pirogue motorisée leur porter une batterie neuve pour leur permettre d'avancer... mais arrêtons nous là. Cette mission est ma première, dans un contexte tout sauf évident, et je dois reconnaitre que depuis dix jours ce en quoi je crois et qui m'a poussé dans cette voie qu'est l'humanitaire est plus que mis à l'épreuve. Existe t il un meilleur bapteme du feu? je ne pense pas et je pense que c la raison pour laquelle ma petite étoile m'a fait atterir ici: l'humanitaire par la grande porte. Je garde le sourire je vous rassure... Désolé de ne pas avoir écrit la semaine dernière mais la charge de travail comme vous le devinez ne m'a pas laissé de temps libre...cette missive vaut pour ces deux dernières semaines donc, et la prochaine fois on abordera des sujets un peu plus fun tel que ma vie sociale a Mbandaka city, sans oublier l'update sur mes barges: Action Contre La Faim rules babies....vive l'humanitaire...Amen!

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